Bertrand Cantat libéré, est rentré dans sa maison des Landes
16 octobre 16:30 - MURET (AFP) - Le chanteur Bertrand Cantat , condamné à huit ans de prison pour avoir porté en 2003 des coups mortels à sa compagne, l'actrice Marie Trintignant, est sorti dans la nuit de lundi à mardi de la prison de Muret où il était détenu depuis 2004, après avoir bénéficié d'une mesure de libération conditionnelle.
Bertrand Cantat dans sa propriété de Moustey, dans les Landes, le 16 octobre 2007
AFP - Pierre Andrieu
Il a rejoint dans la nuit de lundi à mardi son domicile de Moustey (Landes), a-t-on appris auprès de la gendarmerie.
"Bertrand Cantat est arrivé à 03H00. Les gendarmes de la compagnie de Parentis-en-Born se tenaient à proximité de son domicile pour vérifier qu'il n'y avait pas de trouble à l'ordre public", a indiqué à l'AFP le commandant Ponty, officier de communication pour la région de gendarmerie d'Aquitaine.
La maison du chanteur du groupe Noir Désir est isolée du petit bourg, au bout d'un petit chemin de terre dans la pinède à environ 2 km du hameau. Une voiture de gardiennage privé barre l'entrée de la maison, que l'on ne peut apercevoir depuis le chemin. La maison avait brûlé le 11 septembre 2003 et a depuis été entièrement reconstruite.
Le chanteur avait franchi, vers minuit dix, la grille d'entrée de la prison à bord d'un véhicule Mercedes aux côtés du conducteur, le batteur du groupe Denis Barthe. Plusieurs autres personnes se trouvaient dans le véhicule, dont l'intérieur était partiellement caché par des rideaux.
Denis Barthe, le batteur de Noir Desir, répond aux journalistes, le 16 octobre 2007 à Moustey, dans les Landes
AFP - Pierre Andrieu
A la mi-journée à Moustey, Denis Barthe est venu à la rencontre des journalistes pour souligner que Bertand Cantat aspirait désormais à "un minimum de tranquillité" pour se reconstruire.
"Bertrand a été libéré hier soir. Il aspire à un minimum de tranquillité, voire un maximum, parce qu'il a besoin de se reconstruire", a-t-il déclaré ajoutant qu'"il faudra le laisser vivre".
En prison, Bertrand Cantat "n'a bénéficié d'aucun privilège, sa personnalité de chanteur de Noir Désir a plutôt été un désavantage", a-t-il souligné.
Interrogé sur l'avenir du groupe, Denis Barthe a rappelé que le contrat chez Barclay avait été prolongé "il y a deux ans", précisant cependant que "pour le moment aucun mot, aucune note d'une future composition" n'avaient été créés. Quant à l'envie de rejouer ensemble: "Oui, ce serait curieux que ce soit autrement", a-t-il déclaré.
Condamné à 8 ans de prison, Bertrand Cantat, 43 ans, a effectué plus de la moitié de sa peine. L'artiste, à compter de sa sortie de prison, doit se soumettre à deux obligations: être suivi psychologiquement et "s'abstenir de diffuser tout ouvrage ou oeuvre audiovisuelle dont il serait l'auteur ou le co-auteur et qui porterait, en tout ou partie, sur l'infraction commise, et de s'abstenir de toute intervention publique relative à cette infraction", selon le parquetBertrand Cantat, le 16 mars 2004 au tribunal de Vilnius
AFP/Archives - Eric Feferberg
Le juge a également ordonné, conformément à une demande du parquet, la prolongation de la période probatoire d'une durée d'un an prévue par la loi afin que Bertrand Cantat soit soumis aux mesures de contrôle jusqu'au 29 juillet 2010.
La libération conditionnelle "a été octroyée dans des conditions de stricte égalité par rapport aux autres détenus et en se conformant strictement à la loi", a souligné le procureur de la République, Paul Michel.
Se réjouissant de la libération conditionnelle de Bertrand Cantat, son avocat, Me Olivier Metzner, a cependant estimé que "rien n'est fini" pour lui.
"A l'avenir, il portera le poids de sa culpabilité qu'il a toujours assumée. D'autre part, il va devoir faire face à un harcèlement d'une certaine presse qui va rendre sa vie quasiment impossible, en tout cas au début", a-t-il dit.
Le juge de l'application des peines de Mont-de-Marsan (Landes), où le chanteur est domicilié, sera chargé du suivi de la mesure de libération conditionnelle.
Figure emblématique et parolier de Noir Désir, Bertrand Cantat avait été condamné le 29 mars 2004 à Vilnius (Lituanie), où il avait été incarcéré, avant d'être transféré à Muret le 28 septembre 2004.
Lors de son procès, il avait reconnu avoir donné quatre violentes gifles à Marie Trintignant au cours d'une violente querelle dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, dans une chambre d'un hôtel du centre historique de VIlnius. S' achevait alors le tournage du téléfilm, "Colette", réalisée par sa mère Nadine Trintignant. L'actrice était décédée le 1er août, à son retour en France.
La mère de Marie Trintignant, la réalisatrice Nadine Trintignant, ayant jugé "prématurée" en septembre l'éventuelle libération anticipée de Cantat, a déclaré "qu'elle ne voulait pas réagir" au jugement.
Elle a toutefois regretté, lors de l'inauguration lundi d'un centre d'hébergement pour femmes battues à Paris, les libérations anticipées d'hommes ayant tué leur compagne.
"Par la loi un homme qui tue sa compagne ou sa femme pourrait être condamné à 20 ans, 25 ans, perpétuité. Or ça ne dépasse jamais les 8 ans et ils n'en font que quatre", a-t-elle déclaré.